Rita Nabhan, PhD, est titulaire d’une licence en service social, d’une maîtrise en service social ainsi que d’un diplôme universitaire en prévention de la toxicomanie et réadaptation de l’École libanaise de formation sociale (ELFS) de l’USJ, obtenus respectivement en 1988, 1998 et 2006. Elle détient également un magistère en éducation de l’Institut de lettres orientales (ILO) de l’USJ, obtenu en 2005. Enfin, Rita décroche un doctorat ès sciences humaines en sciences de l'éducation de la Faculté des sciences de l'éducation (FSEDU) de l’USJ en 2012.
Aujourd’hui Rita Nabhan est assistante sociale à l’USJ.
Les activités de Noël au Liban sont suspendues, comme en attente d'une lueur d'espoir politique. Nous voilà à un mois de Noël, qui s’annonce si différent des années passées. Cette fête arrive avec tristesse et anxiété. Nous sommes frustrés, malheureux, pris au piège entre l'absence de moyens financiers pour préparer nos achats et un esprit vidé de la joie nécessaire pour offrir des cadeaux, petits ou grands, qui pourraient illuminer les visages de nos proches.
Cette année, je n’ai même pas l’intention ni la force de dresser mon sapin de Noël avec la crèche. Comme si, en refusant ce geste, je refusais symboliquement la naissance de mon petit Jésus, ce Jésus que j’aime tant et qui m’aime en retour. Mais m’aime-t-il encore ? A-t-il encore le temps de poser un regard sur moi, alors qu’il est sollicité par tant de familles sinistrées, brisées par cette guerre horrible qui ne semble jamais vouloir finir ?
À qui mon Jésus répondra-t-il en premier ? À mes chagrins et soucis ou à l’enfant qui pleure son père tombé au champ de bataille ? À la personne malade qui ne trouve plus ses médicaments et voit la mort s’approcher à grands pas ? Aux familles disloquées, forcées d’envoyer leurs enfants étudier à l’étranger, au prix de douloureuses séparations ?
Quel avenir ces enfants auront-ils, privés de l’amour et de la guidance de leurs parents ? Comment grandir dans une culture étrangère, sans repères, souvent confrontés à l’hostilité ou au rejet ? Ces adolescents et jeunes, laissés à eux-mêmes, sont vus comme un poids dans les pays d’accueil, accusés de faire grimper le prix des logements ou de concurrencer les locaux dans leurs activités professionnelles.
Et pourtant, le monde semble regarder tout cela avec une effarante indifférence. Que faisons-nous de nos traumatismes ? Comment les traiter aujourd’hui et, surtout, après cette guerre ? Quelle société aurons-nous ? Des êtres épanouis ou des âmes brisées, devenues des monstres ou des robots sans émotion ?
Ma propre fille, dans le pays où elle a trouvé refuge, m’écrit qu’elle a honte de rire ou de se réjouir, alors qu’elle sait que ses parents vivent l’enfer au Liban. Moi, qui l’ai éloignée pour lui offrir un avenir meilleur, je me demande si ces sacrifices n’étaient pas vains. Ai-je réussi à lui donner la stabilité et la sécurité que je souhaitais pour elle ?
Et moi, bien que ma maison ne soit pas encore détruite et que j’y vive toujours, je ressens chaque instant le poids de cette guerre. De mon balcon, j’entends les obus éclater, je vois les fumées monter après chaque raid, et pire encore, je sens dans l’air le soufre, la mort, les vies fauchées d’enfants et de parents innocents.
Jésus, réveille-toi. Le Liban souffre. Ne nous abandonne pas.
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