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Mar Nasrallah Boutros Sfeir (Faculté de théologie, 1950) : «Sous les Ottomans tout le monde parlait turc sauf Bkerké qui parlait juste».

Portraits

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06.08.2020

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Le Liban et l’Église maronite ont perdu le 14 mai 2019 un Patriarche historique : Mar Nasrallah Boutros Sfeir.

Né à Reyfoun au Mont-Liban le 15 mai 1920, Nasrallah Sfeir a étudié la philosophie et la théologie durant plus de six ans (1944-1950) à la Faculté de théologie de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth qui lui décerna le Diplôme en 1950. Les responsables et les maîtres de la Faculté avaient remarqué ses excellentes aptitudes intellectuelles et spirituelles, le nommant, dans le cadre de la Faculté, comme délégué de ses camarades et animateur de la promotion. Lui-même, à plusieurs reprises, faisait l’éloge de ses maîtres comme les PP. Sautier, Costaz, de Lanversin et d’autres qu’il avait fréquentés. Il était connu pour sa modestie et son humilité mais aussi pour sa capacité de faire de la poésie en arabe parlé (zajal) avec beaucoup d’humour et de simplicité. Ce passage par la Faculté de théologie, fut un temps important de sa vie et de son engagement.

Nasrallah Sfeir a été ordonné prêtre maronite le 7 mai 1950 par le cardinal Pierre-Paul Méouchi. Exerçant d’abord à Rayfoun, il avait gravi tous les échelons de l’institution religieuse maronite. Il fut ainsi d’abord nommé secrétaire du Patriarche, puis évêque auxiliaire maronite d’Antioche en 1961 et 76e Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient pour l’Église Maronite en 1986 à la suite de la démission du cardinal Antoine Khoraiche.

 Il est nommé patriarche émérite de l’Église maronite depuis le 26 février 2011, date de sa démission.

Mar Nasrallah Boutros Sfeir n’agissait que selon ses convictions, avec courage et sans crainte. Sous les Ottomans, disait-il, tout le monde parlait turc sauf Bkerké qui parlait juste. C’est ainsi qu’il fut l'un des artisans de l'accord de Taëf qui mit fin à la guerre au Liban en 1990. Onze ans plus tard, le cardinal maronite s'attaque à la présence syrienne au Liban. C'est en 2001 que, sous son patronage, le Rassemblement de Kornet Chehwane voit le jour dans le village du même nom du caza du Metn. Formé de personnalités chrétiennes, le rassemblement appelle à mettre un terme à l'occupation syrienne au Liban, en écho à la déclaration des évêques maronites de Bkerké prononcée un an auparavant. 

Dans ce contexte, le cardinal Sfeir avait refusé de se déplacer en Syrie lors de la visite de Jean-Paul II en 2001. Il avait fait de même en 2008, lorsqu’il a été invité par les autorités syriennes à inaugurer la tombe présumée de St Maron, dans le village de Brad, au nord-est d'Alep : la cause des détenus arbitrairement en Syrie constituait sa préoccupation première.

Lebanon.com Newswire - Local News August 4 2001


En Août 2001, en effectuant sa tournée historique dans le Chouf, le cardinal Sfeir s’impose comme le parrain de la réconciliation de la montagne entre druzes et chrétiens, qui s’étaient affrontés après le retrait de l’armée israélienne qui avait envahi le Liban en juin 1982.

Puissant par son humilité, sa simplicité et son détachement du pouvoir, solitaire par ses habitudes monacales, le patriarche Sfeir était un homme de paix, de dialogue et de combat. Il joua un rôle incontournable dans la vie politique du Liban, élevant notamment la voix pour libérer le “pays des Cèdres” de la tutelle syrienne, proclamant le regain de la souveraineté et de la dignité et le refus de l’intimidation. 

Connu pour son amour des randonnées dans la nature, il a continué d’exercer cette activité jusqu’à un âge avancé, arpentant chaque année les sentiers sinueux de la « vallée sainte », fief historique des maronites dans le nord du Liban. 



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