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De l'IESAV au Canada: parcours d'une vocaliste de Jazz à Montréal

Portraits

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06.28.2020

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Au printemps de l’âge, on projette sa vie dans l’avenir et notre choix de carrière devient irrévocable surtout lors de nos dernières années de scolarisation. On mise sur un parcours universitaire fructueux et stimulant quant au diplôme à décrocher, tablant aussi sur un milieu académique agréable pour y cheminer vers notre parcours professionnel. Si vous êtes francophone au Liban, le choix est bien simple. Berceau de l’excellence académique, l’Université Saint-Joseph, répond à tous vos besoins dans moult disciplines et ce depuis sa fondation en 1875 par les pères jésuites.

Chacun de nous nourrit ses rêves de jeunesse des années durant. On se projette dans notre imaginaire en blouse blanche de médecin, en toge d’avocat, en casque de chantier d’ingénieur, voire en cinéaste sur un plateau. À titre perso, tristement le rêve d’une carrière théâtrale m’était balisé, puisque la formation théâtrale n’était offerte, à l’époque de mon baccalauréat, qu’en langue arabe à l’Université publique. Faute de mieux, j’ai donc opté pour les lettres françaises qui englobaient l’étude d’œuvres théâtrales que j’affectionnais, certes sans pouvoir être sur les tréteaux. Cependant, pour mon grand bonheur, Mme Aimée Boulos, encouragée par feu le Recteur Pr. Sélim Abou s.j., fondait en 1988 l’IESAV (Institut d’études scéniques et audiovisuelles) au campus de la rue Huvelin. Je fais donc partie de cette promotion cobaye et du lancement un peu cafouilleux d’un concept qui n’avait point encore acquis un lieu propre, mais possédait certainement déjà une âme, ingénieusement nourrie par un éventail de professeurs triés sur le volet dont Alain Plisson, Etienne Kupelian, Katia Haddad, Michel Jabre, Roger Assaf ainsi que feus les grands Jean-Claude Boulos, Jalal Khoury, Jean-Pierre Goux-Pelletan pour n’en citer qu’un !

Plongée dans l’apprentissage et la créativité et soutenue par des professeurs qui étaient tout autant enthousiastes de transmettre leurs connaissances que moi d’apprendre, et malgré une situation précaire au pays et des guerres qui se profilaient à l’horizon, mon passage par l’IESAV m’a laissé mes meilleurs souvenirs académiques et a certainement confirmé ce choix, presqu’inné, que petite j’avais pour l’art. D’ailleurs, les professeurs à l’IESAV constataient et savaient deviner, dès les premiers jours académiques, lequel ou laquelle de leur essaim était voué pour l’art et fera du chemin de ceux qui étaient là, un par absence de conviction ferme voire d’alternative.

Aujourd’hui, je poursuis donc ma carrière de vocaliste de jazz à Montréal, où j’ai acquis aussi, à mon arrivée, un diplôme en communications. Cependant, le souvenir de l’USJ demeure vif dans ma mémoire d’immigrante. C’est un lien solide qui me noue à mon passé et une référence quant à mon cheminement. Que cela figure sur mon curriculum vitae ou dans les strates de ma mémoire, l’USJ fait incontestablement partie de l’être que je suis. Voilà pourquoi l’idée de joindre une Association d’anciens m’a été invitante, alors que je ne suis pas celle qui adopte ou intègre facilement des groupes. Seulement, vivre à des kilomètres de son pays vous abonne en permanence à une forme de nostalgie. Mais cette dernière ne doit pas forcément vous conditionner à fréquenter toute personne venant du même endroit que vous. Il y a en premier la nécessité de bien intégrer le pays d’accueil mais aussi celle de pouvoir trouver des affinités avec les gens que vous rencontrez venant de votre pays d’origine.  Voilà où l’Association répond bien à cette notion d’appartenance, car une institution fréquentée communément, forge notre éducation, nourrit nos connaissances et nous mène vers de mêmes valeurs et vers une culture identitaire si propre aux institutions jésuites d’excellence. Sans aucun doute un point majeur à considérer : les liens créés avec des anciens d’une même université offrent, en général, des atomes crochus non négligeables. Comme si on parlait un même langage tout en partageant d’identiques références dans nos passés communs. Louable, non ?

Je suis donc heureuse de célébrer l’USJ avec des Anciens étudiants de cette Institution. En ce temps si morose de la Covid 19, l’Association des Anciens de l’USJ à Montréal est devenue, mine de rien, un lieu pour rassurer, comme dans une famille, comme un chez soi. La participation virtuelle de chacune et chacun dans ce quotidien pénible, sur la page de l’Association, peut suggérer tout simplement un sourire de ralliement alors que nous vivons en ce moment tous distanciés, chacun dans son confinement et bien souvent dans sa solitude. Je souhaite donc longue vie à l’Association ainsi que santé à tous ses membres. Je souhaite voir plus de personnes de l’Association se manifester, même si virtuellement, pour que l’on puisse se connaitre, se découvrir mais aussi en guise de participation sociale. Juste le temps que nos vies reprennent un cours pseudo normal et que le Comité exécutif de l’Association puisse organiser un évènement de retrouvailles. D’ici là, nous nous serons ainsi tendu la main et serré les coudes entre Anciens, tous nourris de cette même vision ainsi que des mêmes valeurs morales de notre chère USJ !


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