Quarante ans de travail social ! Le signe d’un dynamisme et d’une inscription dans le temps

A l'occasion du 75e anniversaire de la fondation de l'Ecole libanaise de formation sociale (ELFS) de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), des Alumni de l’Ecole, ont partagé leurs expériences et témoigné sur les parcours qu'ils ont empruntés depuis leur passage au sein de cette institution. 

Découvrons le message de Wadad Gemayel Chehab, Alumna de l’ELFS de la promotion 1966, publié dans la revue « Assabil » de l’Hôpital Psychiatrique de La Croix en 2003.

A cette occasion, et dans cette région du monde, où, l’instabilité est de mise depuis plusieurs décennies, où, exister peut devenir un défi de tous les instants, je voudrais saluer l’engagement de toutes mes collègues « Assistantes Sociales » les anciennes d’entre elles, et celles d’aujourd’hui. 

Je salue, en particulier, leur fidélité pour continuer à faire vivre des valeurs auxquelles nous croyons et à travers lesquelles nous agissons : la confidentialité, le non jugement, le respect des croyances et des différences, la liberté de choix et de décisions, l’impartialité etc… Ces valeurs qui nous ont permis de porter notre attention et de manifester présence et soutien à des personnes touchées par la guerre, la maladie et la précarité. A des familles, parfois, si cruellement éprouvées ! Leurs témoignages de souffrances et de difficultés restent pour nous édifiants. Des familles assignées par ailleurs au système « douche écossaise » qui sévit au Liban et qui passent, en une fraction de seconde, du paradis à l’enfer, qui, à chaque crise, perdent ressources et repères, fratries et parents et pays et patrie. Un peuple accablé, effondré, qui a déjà tellement souffert, mais qui ne se laisse jamais décourager. Cela illustre particulièrement « l’Esprit libanais » dont je suis admirative !

Dotées de nouveaux instruments de travail et de gestion plus performants et plus fonctionnels que jamais, nous avons réussi, avec toute l’énergie de « la brigade » à mener encore plus loin, la présence et l’action de soutien, à distribuer l’aide de manière indifférenciée, à ouvrir de nouvelles perspectives et découvrir de nouveaux horizons. 

C’est en période de crise et de difficulté, sensibles aux préoccupations sécuritaires, qu’il me semble que le « rôle » des assistantes sociales prend tout son sens. Dans un pareil contexte, on se doit de préserver l’expérience acquise et d’en faire l’objet de communication, de consolider les réseaux existants et d’y innover, mais aussi d’en créer de nouveaux. J’approuve particulièrement la méthode de travail qui consiste à se reposer sur « l’échange », (créant ainsi une dynamique d’entraide et de solidarité) et « la concertation » (qui permet de mieux percevoir la nature des préoccupations)

« Quarante ans de travail social », C’est le signe d’un dynamisme et d’une inscription dans le temps ! 

A mes anciennes collègues je dis : « Vous avez valeur d’exemple »

Aux jeunes je veux dire : « vous commencez une superbe carrière, en rejoignant « le social », aventure exaltante qui sera parfois difficile, semée d’embûches, qui vous apportera beaucoup de travail, de soucis, de problèmes à régler, mais une carrière qui vous procurera, en contrepartie, énormément de satisfactions et de joies, car elle vous permettra de donner le meilleur de vous-mêmes pour aider « autrui » et justifier la confiance qui vous sera témoignée. »

C’est en période difficile, où, tout peut arriver n’importe où, n’importe quand, que notre action prend une autre dimension. A nous incombe cette exaltante et lourde tâche. 

Nous sommes des piliers par les biais desquels d’autres collègues peuvent s’instruire et s’informer. 

Car, un pays ne se résume pas uniquement à ce qu’il produit sur son territoire, mais s’enrichit par toutes les initiatives prises, par nous autres aussi, en dehors de son territoire.