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Quand l’ESIB exporte l’excellence

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12.18.2020

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Ils sont estimés à près de 13 millions disséminés dans 70 pays du monde, soit 3 fois plus que leurs compatriotes restés au pays : les libanais semblent être prédestinés à s’expatrier et à rarement vouloir retourner dans leur terre natale. Ils s’installent alors loin du pays, réussissent et prospèrent. Ce mouvement migratoire qui a débuté au cours de la 2ème moitié du XIXe siècle suite aux violences qui ont déstabilisé le Mont-Liban, s’est accéléré depuis 45 ans avec le déclenchement de la guerre civile. Le Liban se trouve ainsi confronté à une fuite des cerveaux dramatique et à une perte en capital humain.

Le phénomène migratoire des jeunes a été relevé par l’Observatoire universitaire de la réalité socio-économique dans une enquête réalisée sur le « devenir des diplômés de l’USJ entre 2009 et 2013 » et publiée par les Presses de l’USJ. L’enquête en question montre qu’un diplômé sur quatre réside à l’étranger. Le départ est justifié par la recherche d’emploi, la poursuite des études, les raisons familiales ou la volonté d’émigrer. Toujours selon l’enquête, cette proportion a augmenté par rapport aux deux autres études effectuées sur le devenir des diplômés respectivement entre 2000 et 2004 et entre 2005 et 2008.

Nour Azzi (ESIB, 2020), Lynn Nassif (ESIB, 2020), Jad Keryakos (ESIB, 2019), Elie el Khoury (ESIB, 2018), Eddy Gharib (ESIB, 2018), Boulos Asmar (ESIB, 2013)  et Anthony Rizk (ESIB,  2018) n’échappent pas à cette réalité. Ces jeunes diplômés de l’ESIB font partie d’une jeunesse qui est formée dans d’excellentes universités mais qui préfère quitter le pays pour échapper au contexte d’incertitude politique et d’instabilité économique ; une jeunesse qui se tourne vers le marché international pour proposer ses compétences et où son savoir-faire est apprécié et reconnu mais surtout payé à sa juste valeur. 

Aujourd’hui, Nour, Lynn, Jad, Elie, Eddy, Boulos et Anthony se retrouvent tous chez IDEALworks : ils travaillent au sein d’une équipe d’une trentaine d’experts issus de divers domaines et nationalités et qui compte au total 13 libanais. IDEALworks (IDEAL pour Industry Driven Engineering for Autonomous Logistics) est la filiale de BMW basée à Munich et dédiée aux développements logistiques innovants, parmi lesquels le robot de transport intelligent STR dont la troisième génération sera lancée fin 2020. 

 


Pour Jad, l’opportunité d’un stage chez BMW en Allemagne s’est présentée au cours de sa dernière année d’études à l’ESIB : « Avec la situation financière et le marché du travail au Liban, je n’ai pu que sauter sur cette opportunité, cette ouverture pour un avenir meilleur. Suite à mon stage, j’ai été recruté en tant qu’ingénieur logiciel au sein du Groupe BMW. La collaboration du groupe avec NVIDIA nous a permis de développer le STR (Smart Transport Robot) qui est une solution intralogistique dans l’industrie 4.0. Ce robot est la raison pour laquelle le groupe BMW a décidé de fonder l’entreprise IDEALworks pour le vendre sur les marchés externes et je suis fie rde voir que 6 de mes collègues à IDEALworks sont des diplômés de l’USJ ».

 


De son côté, Lynn évoque la recherche d’un avenir prometteur : « la crise économique qui s'est aggravée au Liban à l'approche de la fin de notre parcours universitaire et ses conséquences sur notre vie quotidienne surtout l’abaissement soudain du taux d’emploi, étaient les éléments déclencheurs d’une exigence de chercher à construire un avenir ailleurs. Nous avons eu la chance de bénéficier du programme lancé par BMW en coopération avec les universités libanaises pour nous rendre en Allemagne et assurer l’avenir dont nous avons tant rêvé. »


 


« L'USJ m'a permis de réaliser mon projet de fin d'étude au sein de BMW à Munich » explique Nour. « Durant cette période, la crise au Liban s‘aggravait d’un jour à l‘autre. J'ai postulé pour une candidature en Allemagne afin de préparer un avenir stable et assuré. Un emploi chez IDEALworks m'a été proposé en tant qu'ingénieur logiciel. C'est vraiment dommage de constater que nous sommes beaucoup plus appréciés à l'étranger que dans notre pays natal. A IDEALworks, nous sommes 13 ingénieurs libanais parmi lesquels 7 sont diplômés de l'USJ ».



Ceci dit, la migration des jeunes s’avère une problématique croissante sur la vitalité économique et sociale du pays qui se voit privé d’un capital humain qualifié et des compétences dont il a besoin pour se redresser. Dans un rapport publié le 1er décembre, la Banque Mondiale tire la sonnette d’alarme jugeant que le Liban s’enfonce dans une dépression délibérée et souffre d’un épuisement dangereux de ses ressources y compris de la fuite des cerveaux. Aujourd’hui, le véritable défi à soulever est lié à la stratégie à adopter pour remédier à cet exode et freiner la fuite des cerveaux, pour rendre aux jeunes un tant soit peu d’espoir, leur donner une raison de rester et leur assurer davantage de perspectives mais surtout de les inciter à investir leurs talents et leurs passions dans leur pays. 



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