Pierre Daccache (FM, 1951) : l’homme honnête s’en est allé.
Pierre Daccache nous a quitté dignement, le 17 avril 2022 à l’âge de 94 ans. Cet homme riche de principes laisse derrière lui un Liban effondré malgré ses batailles contre le système corrompu et empoisonné par le confessionnalisme.
Médecin, réputé pour son éthique infaillible et sa générosité, et plus d’une fois député, il a été un défenseur farouche de la souveraineté nationale. Il portait très bien son surnom d’abbé Pierre ou même « médecin des pauvres », lui qui se donnait sans rien attendre en retour, et sans discrimination, en tant que médecin-chirurgien. Il a opéré toute sa vie à tour de bras et à longueur de jour et de nuit aussi bien les nécessiteux que les blessés de guerre. Il a pu donner de son savoir et de sa personne jusqu’à un âge très avancé.
Pierre Daccache était un homme sage, honnête, et juste. Sa bataille pour un Liban solidaire et libre était pleine de courage et de principes, d’où sa solitude politique. Une solitude qui lui a quand même permis de remporter les législatives de 1972. Il a été réélu député en 1996. Battu lors des élections de 2005, il retrouvera son siège de parlementaire en 2006 suite au décès du député Edmond Naïm.
Pierre Daccache était titulaire d’un Diplôme d'Etat français de docteur en médecine de la Faculté de médecine de l’USJ (1951), mais également d’une licence de philosophie et d’un doctorat en sociologie. Réaliste, il était conscient que la pluralité est la loi de la terre et que son respect est une de nos missions humaines. Un profil qui lui a valu, en 1995, d’être à deux doigts de devenir président de la République. En 2009, il s’impose comme trait d’union entre les déchirures de sa propre communauté maronite et entre celle-ci et les autres communautés. En 2019, le président de la République, SE le Général Michel Aoun lui décerne, la décoration nationale du Cèdre au grade de commandeur, en estime de ses contributions sur les scènes nationale, politique et sociale.
« C’était un pacifiste de nature, et jusqu’à la moelle. Il considérait que les armes sont une aberration. N’oubliez pas qu’en tant que médecin, sa vocation était de sauver des vies, non de les perdre. Pour lui, la guerre du Liban a été une tragédie. Ça lui a beaucoup pesé » explique son fils Jean-Pierre Daccache.
Aujourd’hui cet homme à la personnalité élégante nous a quitté riche, riche d’une conscience tranquille.
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