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Le social, je l’ai porté en moi avant d’en faire mon métier

Témoignage

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01.12.2024

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A l'occasion du 75e anniversaire de la fondation de l'Ecole libanaise de formation sociale (ELFS) de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), des Alumni de l’Ecole, ont partagé leurs expériences et témoigné sur les parcours qu'ils ont empruntés depuis leur passage au sein de cette institution. 

Découvrons le parcours d'engagement social de Najwa Bassil Pieton, Alumna de l’École libanaise de formation sociale (ELFS) de l’USJ de la promotion 1988.


Mon père, un intellectuel engagé dans la défense des causes justes, m'a transmis le devoir moral d'œuvrer activement pour le bien-être collectif. Il m’a inculqué que l'indifférence envers les injustices équivaut à être complice et m'a montré que chacun peut être libre de sa pensée, indépendant et critique dans ses choix politiques, et acteur responsable du changement social.

Forte de cette influence, j’ai choisi ma formation en service social. 

Une voie qui a renforcé en moi des valeurs et des attitudes fondamentales : le respect des droits de l’Homme, l'empathie, la compassion, le non-jugement, la dignité des individus, l'écoute active et la compréhension. Des valeurs qui ont constitué le socle de mon engagement social et plus tard politique au sein de la société.

Au fil de mes études, j'ai compris que l'approche familiale ne répondait pas pleinement à mes aspirations. Je voulais viser plus large, un changement dans les sociétés, des projets pour l’ensemble de la collectivité, c’est donc vers le développement local que j’ai orienté mon activité professionnelle. 

Débutant dans ma carrière auprès d’organisations caritatives, j’ai vécu des frustrations quant à la gestion des projets, le choix des priorités, la transparence dans la gestion des budgets. Mon choix est vite fait c’est en tant qu’indépendante que je voulais évoluer dans ma carrière. 

Ce statut m’a mis devant les défis de mener des projets diversifiés, dans différentes régions libanaises et à l’international, de travailler avec plusieurs acteurs, et surtout d’avoir le libre choix quant aux types de projets à conduire ou d’interlocuteurs avec qui collaborer : formations, recherche-action, diagnostics participatifs, stratégies de développement territorial, actions pour les jeunes, accompagnement des municipalités dans leurs projets.  La liste est longue. 

Cette indépendance professionnelle m’a permis d’avoir le contrôle sur l’emploi de mon temps, sur le rythme et l’organisation de mon travail. Mon but était clair : participer à la décision locale. L’engagement sérieux dans la vie publique et dans les associations locales semblait le moyen le plus pertinent.  Ce choix m’a permis d’avoir une plus large visibilité au sein de ma ville. Par ailleurs, c’est grâce à mon action sérieuse et engagée sur le terrain, que j’ai réussi à gagner largement ma place dans les élections municipales. 

Très tôt, j'avais compris que les initiatives de développement doivent s'ancrer dans un projet commun, lié à un territoire géographique spécifique, et que la municipalité est l’acteur central de cette dynamique. 

Élue en 2010, j'ai été la seule femme au sein d'un conseil municipal composé de 18 membres. J'ai assumé la responsabilité des relations internationales et du secteur culturel. Mon bagage social m’a donné les compétences nécessaires pour l’initiation et l’exécution de diverses projets municipaux en toute autonomie. J’ai réalisé le rôle important que les agents de développement pouvaient jouer au sein des conseils municipaux. 

Mon mariage avec un diplomate français a ouvert pour moi un nouvel horizon à l’international. Épouse d’ambassadeur de France, le social est resté au cœur de mes activités ; accueil, écoute, organisation de réunions et d’activités pour conjoints d’expatriés.  L’appellation « Charité » des projets menés par le groupe des conjoints des ambassadeurs, a interpellé ma sensibilité professionnelle, j'ai donc plaidé pour un changement de nom : "projets sociaux".  J’ai également proposé un processus structuré pour la soumission et la sélection de projets à soutenir grâce aux fonds collectés dans le bazar annuel organisé par ce groupe. 

Traverser une épreuve aussi douloureuse que le décès d’un mari, a été une période où j’ai appris la résilience, celle de pouvoir poursuivre mon engagement dans l’action publique et sociale avec détermination, conviction et force intérieure. 

La politique nationale se présentait alors comme une suite logique dans mon parcours. J'ai fait le choix de m'engager en tant que candidate indépendante aux élections législatives à un moment où le Liban traversait la pire crise économique et existentielle de son histoire. Ma candidature traduisait mon devoir de m’impliquer avec des citoyens en quête de changement. 

Les valeurs que j’ai puisées dans le social et dans mon parcours professionnel, font partie intégrante de mon identité. Elles ont façonné mon évolution personnelle et mon regard sur les êtres et le monde. Je puise en elles la source et la force de mon engagement actif pour défendre une société plus juste et plus équitable. 


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