Le prix AUF Dolla Karam Sarkis décerné à deux chercheurs de l’USJ

Tiré de l'Orient-Le Jour

Dans sa première édition, le prix AUF Dolla Karam Sarkis a récompensé deux jeunes chercheurs de l’Université Saint-Joseph : le Dr Alain Chebli*, enseignant-chercheur en génétique à la faculté de médecine, et la Dr Rania Kassir*, chercheuse rattachée au laboratoire de recherches en neurosciences de la même faculté. Chacun a reçu un prix de 5 000 euros. « Les travaux de recherche, qui contribuent à véhiculer une réponse scientifique à une problématique nationale, ont été évalués en fonction de leur qualité et de leur originalité, de leur impact scientifique, technologique et social, de leur pertinence par rapport au contexte national libanais, ainsi que de leur dimension francophone », a expliqué Jean-Noël Baléo, directeur régional de l’AUF (Agence universitaire de la francophonie) Moyen-Orient, en remettant le prix aux deux lauréats, lors d’une cérémonie organisée le 11 février au Centre d’employabilité francophone de Beyrouth. Le Dr Alain Chebli, dont la recherche explore « les mécanismes épigénétiques responsables de l’activation de la télomérase, une enzyme impliquée dans la majorité des cancers », a expliqué que son étude « vise à mieux comprendre les bases moléculaires et biologiques de la leucémie lymphoïde chronique, pour améliorer son diagnostic, affiner les pronostics et ouvrir la voie à de nouvelles approches thérapeutiques, contribuant ainsi à une meilleure prise en charge des patients ». La Dr Rania Kassir a concentré son étude sur l’interaction entre le bilinguisme et les fonctions exécutives chez les patients atteints de troubles cognitifs tels que la maladie d’Alzheimer et les accidents vasculaires cérébraux. « Mon projet vise à développer des outils de diagnostic adaptés et à améliorer la compréhension des mécanismes cognitifs impliqués chez les locuteurs bilingues, contribuant ainsi à une meilleure prise en charge de ces patients, a-t-elle précisé. Mon but aujourd’hui est de continuer à mettre en place des tests adaptés et une batterie d’outils qui n’existent pas encore au Liban et vont nous permettre de diagnostiquer tous les troubles cognitifs liés à la démence chez la population bilingue libanaise. »

Perpétuer l’héritage de Dolla Karam Sarkis

Au-delà de ce prix qui vient parachever, pour l’Agence universitaire de la francophonie, « une importante série d’initiatives de soutien à la recherche, à la formation doctorale et à la coopération scientifique », au-delà de sa stratégie qui vise « à encourager les vocations pour la recherche chez les jeunes et leur permettre de s’épanouir dans le système éducatif », et de son désir de « soutenir l’appareil scientifique pour créer de l’emploi et de l’activité au Liban », l’AUF souhaite surtout perpétuer la mémoire de Dolla Karam Sarkis, disparue tragiquement en 2023 et qui a longtemps collaboré avec l’agence, « remplissant son rôle avec éclat durant toutes ces années ». C’est donc un émouvant hommage que lui a rendu Jean-Noël Baléo, en présence de sa famille, de ses collègues, de la communauté scientifique francophone et de personnalités publiques. « Cette ancienne vice-rectrice à la recherche de l’Université

 Saint-Joseph de Beyrouth et ancienne doyenne de sa faculté de pharmacie a marqué de son empreinte plus de 20 ans de collaboration active au sein des instances scientifiques et de gouvernance régionales et globales de l’AUF. Elle a notamment présidé son conseil scientifique et elle était la représentante de l’ensemble des universités du Moyen-Orient au conseil d’administration de l’AUF. Sa disparition a été pour nous un choc qui nous a laissés en état de sidération », a-t-il affirmé, la voix brisée par l’émotion. « Rien qu’à ce titre, nous lui étions redevables », a-t-il ajouté. La direction régionale Moyen-Orient de l’AUF a donc décidé de décerner tous les ans le « prix AUF Dolla Karam Sarkis » pour « récompenser deux jeunes chercheurs libanais relevant d’établissements membres de l’AUF au Liban qui apportent une contribution remarquable au domaine scientifique de la santé », mais surtout « pour perpétuer la mémoire d’une grande scientifique libanaise, qui a laissé en héritage ses qualités humaines, sa ténacité, sa combativité, son enthousiasme et son refus des compromissions, des caractéristiques si précieuses pour un universitaire et pour un chercheur », a encore ajouté M. Baléo sous un tonnerre d’applaudissements. « Désormais, et chaque année, nous nous réunirons pour célébrer son souvenir et célébrer en même temps la vitalité de la génération montante de jeunes brillants scientifiques libanais », a-t-il promis. Le Pr Roland Tomb, président de la commission régionale d’experts économiques et scientifiques de l’AUF Moyen-Orient, a également salué avec émotion la mémoire de Dolla Karam Sarkis, souhaitant aux deux lauréats « d’avoir le même entrain et le même enthousiasme que celle qui a été une locomotive pour l’USJ, entraînant tout le monde par son sourire, son rire et la jovialité qu’elle affichait en toute circonstance, même quand elle allait mal, très mal », s’est-il souvenu. Prenant la parole à son tour, la Dr Anne-Sophie Sarkis, fille de Dolla Karam Sarkis, a tenu à exprimer au nom de la famille toute sa gratitude à l’AUF Moyen-Orient pour avoir immédiatement œuvré à perpétuer le nom de sa mère, « en créant ces deux bourses qui permettront à de jeunes chercheurs de poursuivre leurs projets ». « Ma mère s’est beaucoup investie dans sa carrière pour la recherche et surtout pour propulser les jeunes dans la recherche, permettant que leurs projets aboutissent. Voir son nom perdurer à travers ce prix et savoir qu’elle continue d’inspirer les jeunes chercheurs dont les travaux viennent nourrir l’héritage scientifique qu’elle a contribué à bâtir nous procurent une immense émotion. » S’adressant aux deux lauréats, elle leur a assuré que sa « mère serait très fière de savoir qu’elle continue de contribuer à travers eux à l’essor de la recherche des jeunes scientifiques au Liban ». Lancé en mai 2024, le prix AUF Dolla Karam Sarkis était jusque-là réservé aux jeunes chercheurs libanais dont les travaux portaient exclusivement sur le domaine de la santé, au sens large (médecine, pharmacie, médecine dentaire, biologie, maïeutique, santé publique, aspects sanitaires des sciences sociales ou environnementales, éthique médicale, etc.). « Mais à partir de cette année, nous avons décidé de l’étendre à l’ensemble des disciplines scientifiques », a affirmé Jean-Noël Baléo, en soulignant la pérennité de ce prix. « Il se poursuivra quel que soit le recteur de l’AUF à Paris et le directeur à Beyrouth. Et nous nous y engageons », a-t-il assuré fermement.

Alain Chebli est titulaire d’une licence en sciences de laboratoire d'analyses médicales de l’École des techniciens de laboratoire d'analyses médicales (ETLAM) de l’USJ, obtenue en 2011, qu’il complète par une maîtrise en sciences de laboratoire d'analyses médicales de l’ETLAM en 2012. En 2014 il obtient un master de recherche en biologie santé, option génétique médicale de la Faculté de médecine (FM). Toujours à la FM, il décroche en 2021 son doctorat en sciences biologiques et médicales, spécialité gestion et politiques de santé. Enfin en 2023, il obtient un diplôme universitaire en analyse de l'information de santé de l'Institut supérieur de santé publique (ISSP).

Diplômée en d'orthophonie de l’Institut supérieur d’othophonie (ISO) de l’USJ en 2016, Rania Kassir décroche également son doctorat en sciences biologiques et médicales à l’USJ en 2024, à la Faculté de médecine (FM).