L’ELFS : à la source de mon engagement
A l'occasion du 75e anniversaire de la fondation de l'Ecole libanaise de formation sociale (ELFS) de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), des Alumni de l’Ecole, ont partagé leurs expériences et témoigné sur les parcours qu'ils ont empruntés depuis leur passage au sein de cette institution.
Découvrons les souvenirs des années de formation en pleine guerre civile de Christiane el-Hage, Alumna de l’ELFS. Mme el-Hage possède un riche parcours académique : elle détient un TS et une Licence en service social de l’ELFS, obtenus respectivement en 1979 et en 1985 . Elle a obtenu un DEA en sociologie de l’Université Libanaise, branche de Tripoli, en 1995, et a complété sa formation avec un Diplôme d’État français d’assistante de service social de l’École sociale de l’Université Sud Est à Lyon en 1996, ainsi qu’un Master de Concepteur-Réalisateur de Formation de l’Université Lyon 2 en 2009.
A l’occasion du 75ème anniversaire de l’Ecole libanaise de formation sociale de l’USJ, je souhaite témoigner de mon expérience de vie. Celle du quotidien vécu en 1976-1977 au sein de l’Ecole qui a dû s’implanter d’urgence dans un bâtiment à Achkout (Kesrouan), que nous avons eu l’habitude d’appeler « chez Massaad ».
La violence de la guerre empêchait d’accéder au bâtiment originel situé sur la ligne de démarcation à Beyrouth.
Originaire de Tripoli-El-Mina, j’avais choisi d’entamer une formation d’assistante sociale.
Pour venir à l’école depuis le Nord, c’était le parcours du « combattant » : un circuit inimaginable aujourd’hui, une aventure de plusieurs heures, à traverser campagnes et montagnes afin de rejoindre Beyrouth, la route côtière étant fermée.
À Achkout, j’ai vécu la première année de ma formation en internat, avec une quinzaine de jeunes adultes de ma promotion. Nous partagions une chambre à plusieurs, réparties entre l’étage du bas et l’étage du haut.
La salle de cours devenait, le soir, notre lieu de vie, où nous passions nos soirées entres filles à nous raconter des bribes de notre histoire, à rire, à lutter contre le froid et, parfois à tricoter, tout en étant surprises par le passage rapide de la directrice. Notre cuisinière Archo nous concoctait des dîners succulents.
Il fallait s’équiper pour vivre en pleine montagne, surtout pour la Tripolitaine que j’étais habituée à la vie au bord de la mer, et jongler avec des routes bloquées par la neige.
Nous avions nos petits plaisirs, comme celui d’aller dans la seule boulangerie du village le soir et faire nos Man’ouchés, tout en profitant de la chaleur du four, ou de prendre un café, comme en témoigne une de mes photos entre amies et parfois avec notre chère monitrice Marcelle sur la terrasse de l’école.
Il y avait aussi, l’escapade vers la pizzeria « Le Relais » à Klayaat pour nous changer les idées et oublier par moments que nous étions loin de nos familles et dans un pays en proie à une guerre civile atroce.
Il ne nous reste que de beaux souvenirs, qui nous appartiennent, à nous les filles de la promotion 76-79 : Joumana, Marie-Thérèse, Maryse, Julie, Leila, les deux Rita, Nayla, Mireille, les deux Viviane, Sonia, etc…
A un peu plus d’un an qui me sépare de la retraite, il fallait que je revienne vers la source, le début d’un chemin d’engagement : cette Ecole libanaise de formation sociale qui m’a appris à m’adapter à n’importe quel public et à des contextes socio-culturels variés.
Avec ce bagage, j’ai pu notamment trouver ma place au sein d’un service social départemental en France, après d’autres expériences diversifiées.
Je ne peux qu’adresser toute ma gratitude à l’école libanaise de formation sociale. Encore une fois Merci !
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