A l'occasion du 75e anniversaire de la fondation de l'Ecole libanaise de formation sociale (ELFS) de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), des Alumni de l’Ecole, ont partagé leurs expériences et témoigné sur les parcours qu'ils ont empruntés depuis leur passage au sein de cette institution.
Sanaa Aoun, titulaire de la licence en service social de l’ELFS obtenue en 1982, a entrepris une rétrospection de son parcours professionnel, souhaitant l'intégrer à son témoignage initial publié sur la plateforme en mars 2024.
Je voudrais partager un parcours de 35 ans en union avec le Seigneur au service des plus démunis et des blessés dans leur cœur.
J’ai travaillé 10 ans avec les mères célibataires et les femmes maltraitées. Là, j’ai accueilli la blessure humaine de la fille trahie par celui en qui elle a mis sa confiance ou utilisée par l'un de ses proches, poussé par son instinct sexuel. Quant à la femme maltraitée, abusée, elle voulait rester fidèle à son engagement pour ses enfants. Il fallait accueillir ces blessures, les réconforter et ne pas juger afin de les aider à passer ce cap, à se relever, retrouver confiance en elles-mêmes et dans la vie, et redémarrer. Ma formation d'assistante sociale, ma formation religieuse et la présence du Seigneur dans ma vie étaient des piliers importants pour pouvoir soutenir ces âmes. Leur accompagnement n’était pas toujours facile car il fallait faire face aux défis propres à leurs familles et à leur appartenance sociale et religieuse.
Les 25 ans suivantes ont eu leur importance dans ma vie malgré la fin tragique. 25 ans auprès de malades chroniques, identifiés pour leur maladie, victimes d'une discrimination familiale et sociale selon leur appartenance et leur milieu. J’ai travaillé 10 ans auprès d'eux, les aidant à retrouver leur identité propre, à identifier leurs talents et à les aider à devenir productifs et à exister dans leur société. Oui, exister, car souvent, ils étaient privés de cette existence. Il y en a ceux qui ont ouvert un kiosque dans leur village, ceux qui ont travaillé comme chauffeur de taxi dans leur famille et ceux qui sont devenus coiffeurs ou esthéticiennes, etc. Au bout de ces 10 ans, j'ai été chargée de la prévention de cette maladie. Donc, le revers de la médaille. Au début, il fallait protéger leur vie et leurs droits, ensuite essayer d'éradiquer la naissance de leurs semblables. Ce n’est pas facile, mais c’est une nouvelle mission auprès des couples avant le mariage et des familles en âge de procréer.
Cette expérience a été très riche au niveau personnel. J'ai côtoyé le dilemme vécu par les couples qui veulent sauver leur enfant malade et refusent d'en avoir un autre. Ceux qui acceptent sa présence et vivent avec, ceux qui se culpabilisent et ne savent pas comment faire. Pour cette mission, l’union avec le Seigneur et l'accompagnement d'un père spirituel m'ont soutenue et éclairée à chaque étape. Je rends grâce au Seigneur pour sa présence dans ma vie, pour la formation reçue et pour les personnes qui m’ont soutenue durant ce parcours.
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